3h38 du matin dans les rues de Kiev. Assis sur une des marches du boulevard principal avec mon pote de lycée (un expatrié français parti pour une mission de deux ans à Tchernobyl), nous discutons d’un des mystères de la nature humaine : vouloir ce qu’on n’a pas.
Fin de samedi soir plutôt calme après une soirée dingue à l’Arena de Kiev, mon pote me raconte sa vie d’expatrié et son ressenti sur la vie et sa vie ukrainienne. Il vit dans un désert humain situé à 2h30 de Kiev, et proche de Tchernobyl (sexy !). Il n’y a rien dans cette ville excepté un restaurant, et s’ennuyer comme un rat mort est la première occupation contagieuse. Deux mois après son arrivée dans ce bled, il est prêt à se faire rapatrier jusqu’à ce qu’il rencontre cette fille qui lui a permis de tenir le coup et avec qui il vit depuis maintenant un an et demi.
Pourquoi toujours vouloir ce qu’on n’a pas

Pourquoi toujours vouloir ce qu’on n’a pas ?
Sortant d’une relation difficile, il ne souhaitait à ce moment qu’une chose, rencontrer une femme qui l’aime. C’était chose faite avec cette Ukrainienne. C’est une femme incroyablement gentille, douce et attentionnée qui correspond à ce qu’il souhaitait. Quand je l’ai vu ouvrir la porte de l’appart la première fois, j’ai été surpris par sa beauté. Super belle femme, grande et à la taille mannequin. Il m’avait caché ce détail le coquin !
Mais (oui forcément, il y a un « mais » sinon ça ne serait pas marrant !) voilà, même si ça dure, il n’est pas heureux ! Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu’il vit en partie le choc des cultures. Cette nana est une femme à la culture et aux traditions différentes. Elle ne fait rien sans lui, et le suis partout. Elle est aux petits oignons avec lui, mais ne prend pas d’initiatives. Et c’est ce qu’il le dérange, car il a l’impression d’étouffer et d’être avec une plante.
Le choc des cultures

Pourquoi toujours vouloir ce qu’on n’a pas ?
Elle, elle a été élevée dans une société conservatrice jonchée de traditions et autres vieilles normes sociales, pimentées par le spectre communiste. Tandis que nous, Français, avons été élevés dans une société moderne de consommation où dès que ça ne marche plus, nous changeons, autant pour les biens que pour les relations. Société influencée par le modèle américain et où les idées féministes sont plus présentes.
Mon pote n’ayant jamais eu la cote avec les femmes, en a finalement trouvée une qui l’aime, qui parle de mariage et d’enfants. Mais ça le dérange. Il ne se voit pas faire sa vie avec une nana avec laquelle il se fait chier. Il se fait chier, car elle est totalement dévouée à lui, et ça, je l’ai bien remarqué durant tout ce week-end. Elle est collée à lui comme un poil sur un savon. Il n’a pas été habitué à ce genre de comportement et de caractère. Son passé sentimental s’apparente à celui de Marshall Eriksen, et fut un parcours parsemé de difficultés, pour avoir une relation et la maintenir. Le dicton « fuis moi je te suis, suis-moi je te fuis » est l’histoire de sa vie (comme beaucoup d’ailleurs). Dans le cas de sa relation, il m’explique qu’il n’a pas eu de challenge, tout lui a semblé facile, et tout le monde sait que pour un homme, la chasse est parfois plus importante que la prise. On a tellement été habitué à toujours vouloir ce qu’on n’a pas en courant après, qu’une fois qu’on l’a, on s’en désintéresse. Dans son cas, il n’y a pas que cet aspect qui rentre en jeu il y a aussi la différence de culture et d’éducation, les croyances sociétales, la barrière de la langue, le caractère de cette femme, le fait qu’elle soit collante, pas débrouillarde, et dépendante.
Les erreurs de mon pote sont de n’avoir pas été clair sur ce qu’il attendait vraiment de sa vie, afin de déterminer les choses dont il avait vraiment besoin. Mais aussi d’avoir simplement et uniquement souhaité une femme qui l’aime en se précipitant un peu trop vite, et en s’en fichant de l’aimer ou pas.
Savoir ce qu’on veut avec précisions est la plus utile des choses. Alors, pourquoi vouloir ce qu’on n’a pas ? C’est en fait un engrenage mental alimenté par l’obsession du toujours plus. Serait-ce l’effet de la société de consommation ?
Le mieux est l’ennemi du bien

Pourquoi toujours vouloir ce qu’on n’a pas ?
Dans notre conversation post-soirée Ukrainienne, on en a supposé que ça doit être ce désir insatiable d’avoir toujours mieux qui nous amène à vouloir ce qu’on n’a pas. Surtout quand on a évolué dans une société telle que la nôtre. Nous pensons, lui comme moi, que tant qu’on s’inscrit dans cette logique, on ne peut pas prétendre au bonheur. Dès qu’on a le sentiment d’obtenir une chose, on se lèche les babines à l’idée de penser à la suivante. Certains appelleront ça, l’ambition. Avoir de l’ambition c’est bien, mais profiter de la vie et ce qu’on a et l’apprécier, sans rentrer dans la dictature et la perversion de l’ambition, c’est encore mieux. On fait trop dépendre notre bien-être par l’obtention de nouvelles choses, de nouvelles émotions. Et une fois obtenu, le sentiment de satisfaction qui l’accompagne est toujours trop éphémère. On est jamais rassasié.
Ce voyage en Europe de l’Est, dans d’anciens pays communistes, ainsi que les rencontres que j’ai pu y faire, m’ont encore permis de poser un regard différent sur notre société et moi-même et de continuer mon apprentissage de la vie. Cette différence de modèle (communiste/capitaliste) m’a confirmé que ça n’est pas le fait de posséder qui rend heureux, c’est d’apprécier ce qu’on possède.
Gardez donc toujours en tête qu’être heureux, c’est :
– S’immerger davantage dans l’instant présent
– Mesurez l’écart qui sépare ce que vous avez et ce que vous voulez
– Portez un regard neuf sur votre existence et ce que vous possédez comme si vous l’aviez pour la première fois
– Sachez apprécier ce que vous avez
De cette façon chaque nouvelle acquisition ou réussite vous apportera une vraie satisfaction, au lieu de toujours vous laisser sur votre faim. Cette tactique est infiniment plus aisée et gratifiante.
Le jour se levant, nous finissons par finalement trouver la réponse à la question de : pourquoi toujours vouloir ce qu’on n’a pas ? Eh bien tout simplement parce que la réponse est dans la question ! On ne peut pas vouloir ce qu’on a, puisque on l’a déjà !