
De Montréal à Rio (Dernière Partie)
Dernière partie du récit de mon périple de 23 jours passés entre Paris et Rio, en passant par Montréal. J’espère vous avoir aidé si vous projetez de partir dans ces pays un jour, ou de vous faire voyager l’espace d’une lecture.
Je vous renvoie à la première partie du voyage à Montréal ici et la première partie du périple à Rio ici.
– Le style de vie
Les brésiliens sont un peuple qui aime la musique, la danse, le sport et faire la fête. Les ingrédients de la bonne humeur. Ce pays vit au rythme des écoles de samba et de musique qui sont omniprésentes. Chaque coin de rue dispose de sa propre école. Et toutes sont noires de monde. A cette période, ce sont les préparatifs du carnaval. Les répétitions se font toute l’année et se préparent d’une année à l’autre.
Certaines écoles de samba ouvrent même leurs portes aux gens pour assister à ces répétitions, en proposant une formule repas et spectacles. A faire!
Parenthèse! Je suis un jour entré dans un lieu peu éclairé où des personnes jouaient des percus et des femmes dansaient comme possédées. Mon amie brésilienne n’a pas voulu rentrer avec moi. Selon elle, c’etait un endroit dangereux et malsain (maléfique?). Elle m’apprend plus tard que c’était un lieu d’invocation, où il pratique le “Vaudou“. Avec le recul, il est vrai qu’en regardant la vidéo que j’ai enregistré, les danses, les rythmes et les cris du chanteur (s’apparentait à du death métal), créaient une ambiance froide et hostile contraire à l’ambiance générale de Rio. Attention donc où vous allez, “ne faites pas votre Jordane”.
Niveau activités sportives, il y a presque autant de salles de sport que d’écoles de danse. Les brésiliens font leurs activités aussi bien en salle que sur la plage, où il y a une infrastructure pour faire du sport tous les 300 mètres.
– La population
Rio est une ville très dynamique. C’est la seconde ville économique du pays après São Paulo. Pour ne choisir qu’un seul mot pour définir la population: cosmopolite. Cette ville est un véritable melting-pot. Les origines des cariocas sont très variées, et tous se mélangent entre eux.
J’ai été marqué du contraste de la population, aussi bien sur le plan des origines, que sur les catégories socio-professionnels. Notamment sur le sujet du racisme, il n’y en a quasiment pas, blanc, noirs, indigènes, asiatiques, tous se côtoient. Le Brésil compte la deuxième plus grosse communauté au monde de Japonais. Sans rentrer dans le détail, les Japonais sont venus au Brésil après l’abolition de l’esclavage pour des raisons historiques. (Cliquez ici pour plus d’infos)
Les brésiliens sont très amicaux, accueillants et chaleureux. Ils sont surtout très francophiles et adorent discuter avec les étrangers. Ils regardent les touristes avec fascination et curiosité. Ils sont très souriants et avenants comme s’ils étaient content qu’on aille les voir chez eux. Beaucoup d’entre eux adorent la France, et parlent notre langue plutôt couramment. Cependant niveau Anglais, c’est pas ça du tout, nous ne sommes pas à plaindre de notre niveau.
En revanche, Amérique du sud oblige, ils ne sont pas du tout ponctuels. Une de mes amies qui vit à Rio, m’a raconté qu’elle a passé plus de deux heures à attendre son recruteur pour son rendez-vous d’embauche. Parfois même, il arrive que la personne avec qui vous deviez passer la soirée, ne vienne pas du tout. Ils vous posent des lapins régulièrement, et ne sont jamais à l’heure. Une brésilienne que j’ai rencontré m’a un demandé de l’attendre 5 minutes avant de sortir, mais 5 minutes brésiliennes sont 25 minutes dans le réel espace-temps. On m’a raconté que pressé un brésilien est mal vu, et mal-poli. Donc si ils sont en retard ne pas les obliger à se “magner le train”. Ils sont cools et pas pressés. J’étais le seul dans la queue de la caisse à m’agiter et m’agacer du temps que ça prenait. La caissière parle à chaque client autant dire que la caisse de moins de dix articles met plus de temps qu’une caisse normale.
Le brésilien est très serviable surtout lorsque l’un(e) de ses ami(e)s vous a introduit à lui. Une fois dans le cercle de connaissance, ils sont prêt à faire des “pieds et des mains” pour vous (sauf point de vue ponctualité bien sûr!). Nous nous sommes, par exemple, fait accompagner par la police devant la billeterie du stade de foot de Fluminense, afin de nous aider à trouver une place à la sauvette pour le match qui était complet. Et ce fut un “Great Success!“. Je ne suis pas fan de foot, mais rien que pour l’ambiance… c’est à faire! Je regardais plus les supporters encourager leur équipe dans une superbe ambiance festive que le match en soi. C’est d’ailleurs un point à supprimer de la “to-do list” de ma vie: “Voir un match de foot au Brésil”. Fait! Next!
Un autre point commun avec le Québec, les gens ne sont pas indifférents aux uns et aux autres dans la rue, il m’est fréquemment arrivé de discuter… d’essayer de discuter avec des personnes dans la rue (lost in translation). Nous étions un jour en-train de nous demander, mes compagnons de route et moi-même, quel chemin prendre pour nous rendre au pain de sucre, une fille qui marchait devant nous, nous entend parler en anglais, se retourne et nous indique aussi-tôt la direction à prendre. C’est un exemple parmi tant d’autres. Bref je n’ai pas eu le sentiment de me sentir étranger.
– Relations Hommes/Femmes
A propos des relations hommes/femmes à Rio. Elles sont très stéréotypées. Les hommes sont machos et reluquent les filles dans les rues, même devant leur petite amie. Les femmes sont très fleur bleue, et acceptent leur rôle de poupée précieuse. Elles n’hésitent pas à jouer au jeu des regards quand un garçon leur plaît. Elles ont le regard insistant, au point qu’une ou deux m’ont déjà fait baissé les yeux (je suis un garçon timide… non c’est faux!). Lorsqu’elles veulent un homme, elles ne cachent pas leurs intentions, (Si seulement en France…) même entre elles, il peut arriver que certaines se piquent les mecs, frères, cousins, amis… Toutes les brésiliennes ne sont pas ainsi, mais c’est fréquent. (Je vous renvoie à mes articles “fun” sur les différences de cultures hommes/femmes avec la France ici, et au Québec, ici)
Les brésiliens sont très religieux, la majorité respecte les coutumes et traditions. Aussi beaucoup de brésilien(ne)s restent chez leurs parents à plus de trente ans tant qu’ils ne se sont pas marié(e)s. Quand j’y pense, l’expression française “être un Tanguy” est ridicule et plus du tout approprié de nos jours …
–La nourriture
Alors la nourriture…! Quelle catastrophe. Leur nourriture est frite, grasse, et trop sucrée. Il y a beaucoup de personnes en sur-poids ou diabétiques et qui ne savent pas qu’elles ont du diabète, résultat on leur ampute un membre. Tous les jours, je voyais au moins une personne avec un membre en moins. Il m’est arrivé de regarder une bombe et de me rendre compte qu’il lui manquait l’avant bras.
Tout d’abord, j’ai encore constaté la présence agaçante des restaurants italiens, il n’y a que ça partout dans le monde, “je VEUX de la cuisine du pays où je suis…”
Il est très facile de trouver des boui-boui s’apparentant à des fast food locaux. On y trouve des Salgado, des beignets ou assortiments de plats frits. C’est très bon mais c’est trop gras. Ils mangent beaucoup de ce genre de cuisine, c’est rapide et pratique à manger. En gros beaucoup ne mangent pas très bien.
Il y a beaucoup de “restaurants au gramme” où vous payez votre assiette en fonction du poids. Ce sont des restaurants qui proposent des buffets avec différentes cuisines, vous vous servez, puis vous pesez. Si vous êtes un estomac sur pattes comme moi, le prix peut vite monter.
Mon coup de coeur: les churrascos ou BBQ en Français (passez votre chemin les végétarien(ne)s) ce sont des restaurants qui servent différentes sortes de grillades. Une armée de serveurs passe de tables en tables pour vous gaver… vous servir.
Côté fast food, comme dans les centres commerciaux Américain, un étage est consacré à la restauration rapide. C’est très varié, on y trouve toutes sortes de cuisines, ça va des plats traditionnels, aux salgados en passant par des patateries.
Ils ont tout de même des plats traditionnels (comme la Feijao) qui, paradoxalement sont vraiment succulents. Ce sont des plats, principalement constitués de haricots accompagné de riz, (comme la majorité des plats d’Amérique du sud) voyez par vous même:
Les boissons:
Sans parler des Caïpirinha qui sont excellentes. J’avais deux péchés mignons:
-Les “Zuco” (jus de fruits pressé), j’en buvais deux trois fois par jour, des bars à fruits proposent une vingtaine de jus de fruits pressés pour même pas 1€.
– Le Guarana: C’est une boisson énergisante comme le nom l’indique à base de guarana, une plante aux vertus stimulantes, par sa contenance en caféine. J’ai “pété le feu” pendant tout mon séjour. A en boire deux fois par jour, plus l’effort de la marche, ça a contribué à me faire perdre 4KG malgré tout ce que j’avalais.
J’ai ensuite repris l’avion pour retourner à Montréal quelque jours, avant de repartir pour Paris. Oui, ce n’est pas logique, mais c’était moins cher que de ne prendre que des aller-simples, et psychologiquement le choc culturel entre le Brésil et la France est plus brutal qu’entre Québec et notre pays. J’ai donc passé mes derniers jours de vacances à Montréal pour me remettre de mes émotions.
Il en ressort de ce voyage, une expérience fantastique, j’ai rencontré des gens géniaux, ouverts d’esprit, positifs, à la philosophie de vie exemplaire, j’ai partagé leur quotidien, j’ai découvert des styles de vie enrichissants. Je suis allé à la rencontre des cousins québécois et leur joie de vivre, et découvert comment ils entretiennent leur bonne humeur malgré des conditions hivernales parfois extrêmes. J’ai discuté avec des brésiliens amicaux, heureux de vivre bien que leur vie ne soit pas si facile que ça. Un jour un Carcioca m’a dit “Certains d’entre nous sont dans la misère, mais peu importe les aléas de la vie, nous gardons le sourire” (Une morale de vie à prendre en exemple). Deux peuples différents, mais qui ont l’avantage d’être sympathiques et de bonne humeur.
Ce voyage a été une vraie leçon de vie. J’ai beaucoup appris sur moi-même, j’ai porté un regard tout autre sur mon rapport à la vie et l’importance que je lui accorde.
J’ai approfondi la théorie de ne plus accorder d’importance et d’énergie aux choses insignifiantes et aux mauvaises pensées qui nous entourent quotidiennement et qui polluent nos esprits. J’ai eu la chance de me faire ma propre opinion (ce qui n’est pas du luxe de tout le monde, j’en suis conscient) sur les brésiliens de Rio. Il n’y a pas que le soleil qui fait rayonner cette ville. Cependant tout comme dans d’autres pays où il y a de la misère, il nécessite de rester vigilant. Je n’ai pas été victime de la moindre agression ou vol, mais j’ai parfois eu l’impression que c’est passé à un doigt, une fois où deux. Bon ok, je me suis aussi baladé plus d’une fois dans des endroits déconseillés, comme le centre-ville la nuit, les lieux vaudous, le bus du quartier du nord,etc…donc j’ai eu de la chance.
Une internaute m’a demandé si ce voyage m’a permis d’être plus ouvert. La réponse est sans hésitation, OUI! Partir seul m’a permis d’apprendre à parler à tout le monde sans aprioris et jugements. Et de me faire des “amis” partout où j’allais. C’est aussi grâce à mon état d’esprit et ma démarche de me maintenir de bonne humeur, en restant positif peu importe les circonstances, mais surtout car je me suis intéressé aux autres. Et ça la nature humaine aime qu’on lui porte de l’attention. Je vais plus facilement au contact des autres, (fini l’importance au regard des autres… à quoi bon?), et j’ai découvert qu’on a tous à y gagner. J’ai parlé à une allemande qui m’a fait découvrir des coins de Rio que jamais je n’aurais découvert seul, j’ai profité de ses bons plans et évité de tomber dans les pièges à touristes en économisant de l’argent. J’ai rencontré des Français qui travaillent à 1km de mon lieu de travail, ou qui avaient un ami en commun…
Les brésiliens et québécois rencontrés m’ont fait porter un œil différent sur mon pays, et mon style de vie. On a tout en France, on a la chance d’être dans un pays où on a toutes les saisons (ex: un québécois doit faire des milliers de Km pour trouver une plage chaude et ensoleillée), on peut dire ce qu’on veut mais on est quand même bien lotis (surtout niveau bouffe), même si nous sommes une population de râleurs, (j’en faisais partie), jamais contents de ce qu’on a (j’en faisais aussi partie), portant souvent un jugement et une critique sur tout sans savoir (la même). Pourquoi sommes-nous le peuple le plus déprimé du monde? Je ne veux pas me lancer sur ce sujet, il y a certes des injustices sociales, de la misère, des gens mauvais, irrespectueux, corrompus, négatifs, tout ce qu’on veut, mais ça existe aussi ailleurs… Nous avons un pays qui nous est envié dans le monde entier, et nous envions les autres pays, là est bien la preuve que nous courons toujours après les choses que l’on n’a pas. Pour moi j’ai trouvé dans ce voyage, ce qu’il me manquait : la paix intérieure et une incommensurable envie de vivre… et vous?