
Adopte un chômeur #3
“C’est rarement facile quand on est pile au creux de la vague. En général, ça tient plus de la méthode Coué et de la profession de foi niaiseuse. Et puis, petit à petit, le moral revient. Le tout c’est de le vouloir et de ne pas se perdre dans les idées grises. Ne jamais s’oublier, se rappeler ses forces et ses rêves, surtout quand ça semble irréaliste. Quand on est au fond du trou, on a tous en soi la ressource de tresser sa propre corde pour en sortir. Après, c’est peut-être une question de tempérament…”
Je ne saurais mieux résumer les choses. Comme le dit cette internaute, c’est aussi une question de tempérament, le mien a constamment besoin d’être fouetté pour être stimulé (sans être un Christian Grey hein!) intellectuellement bien sûr! Une des solutions fut d’accepter un poste sous-qualifié afin de me remettre à niveau progressivement, et puis quel que soit le domaine mieux vaut être actif que passif, n’est-ce pas?
J’étais donc l’assistant d’un très bon pote. 6 mois en CDD à m’occuper de tâches épanouissantes telles que photocopies, courriers, saisies, avec en guise de collègue une espèce de troll de 56 balais aux 40 années d’expériences bien cimentées dans la boite. Elle faisait limite partie des meubles, et râlait en continu du matin au soir (j’ai un jour compté : une râlerie toutes les 11 secondes). Donc un job pas très valorisant mais qui avait l’avantage, (et c’est ça qui a été bénéfique pour mon futur entretien) de m’apprendre des choses, de me mettre en contact permanent avec le service RH de la boîte (Ils m’ont donné beaucoup de pistes de réussite pour le recrutement) et surtout de me faire parler.
Oui “parler” car pendant ma période de chômage, je m’apparentais à une plante desséchée, je passais certaines journées la bouche fermée, sans émettre le moindre son (un peu comme dans le métro parisien). Alors, je me suis entraîné à parler, et à développer mon aisance sociale. Le manque d’assurance se ressent beaucoup dans la voix, surtout si celle-ci est hésitante et tremblante. Parallèlement il me fallait avoir un esprit vif, et une répartie de sniper.
Un jour un prof m’a dit, “Mon petit Jordane, ton cerveau est comme ton corps il a besoin d’entraînement pour pouvoir bien fonctionner“. La gymnastique du cerveau n’est pas un mythe! J’ai donc pendant ma période d’activité écouté la voix du maître, en entraînant mon cerveau, et rédigéant mes propres commandements du recrutement fondés sur des erreurs commises, des idées reçues, et des astuces que le service RH de mon CDD m’a prodigué. Es-tu mentalement prêt à les recevoir petit (ou grand) padawan? Si oui les voici:
1. Un point fondamental dans le recrutement est la création du rapport de confiance avec le recruteur, et celui-ci est lié à votre état émotionnel. Il peut avoir pour effet d’influencer votre manière de communiquer, notamment vos mots, et votre gestuelle.
Seuls 7% des mots sont retenus et pris en compte.
38% pour la manière de le dire
55% pour ce que votre corps communique.
2. Un petit stress peut être positif, mais dépasser le niveau peut nous court-circuiter. Le stress se sent dans le langage, dans la communication, dans la gestuelle et c’est ce qui nous fait échouer.
3. En revanche, si vous êtes trop confiant(e) de remporter “la mise” ou si vous êtes persuadé(e) d’être le candidat(e) idéal(e) au poste, cet “effet de surplus d’assurance” peut vous mener tout droit à l’échec.
4. Développer son capital sympathie, car il ne suffit pas d’être bien habillé(e), d’avoir une bonne présentation, d’avoir un beau CV, d’être compétent, d’avoir une belle gueule (même si malheureusement ça aide!). Intéressez-vous à la personne en face de vous, en lui posant deux ou trois questions subtiles et furtives (pas plus) telles que: une journée typique du poste, l’ancienneté du recruteur et son parcours.
5. Les recruteurs privilégient les personnes qui sont en activité pro et perso. Dans la majorité des cas, ils apprécient qu’une personne soit active.
6. Soyez naturel(le), si vous êtes de nature calme et que vous tendez à être extraverti(e), vous allez être épuisé(e) émotionnellement et mentalement.
7. Ne pas avoir de préjugés sur la tête du recruteur: assimilez-le à quelqu’un qui vous est familier.
8. Trouvez-vous des points communs avec le recruteur. J’aime rechercher sur le net, le profil (Viadéo, Facebook, etc..) du recruteur avant un entretien, afin de me trouver un point commun et de le mettre en avant. Autrement, ne négligez aucun point sur votre CV, toutes les personnes avec qui j’ai développé un bon feeling avaient un point commun avec mon CV. Par exemple, une recruteuse était née dans la ville où j’ai fait un stage. “C’est peut être un détail pour vous, mais inconsciemment ca veut dire beaucoup…”
9. En temps de grande disette professionnelle, ne refusez jamais une opportunité. Je croyais qu’accepter un CDD me pénaliserait dans ma course au CDI. Et bien c’était faux et ça m’a été bénéfique!
Me voilà arrivé au jour de l’entretien. J’étais donc fin prêt tel un ninja après 6 mois d’entraînement et de préparation mentale et sociale. Mes armes étaient préparées: cerveau de compétition, répartie de Laurent Baffie, esprit vif et aussi rapide qu’un Usain Bolt, et mes yeux de chat potté. Pendant ces 6 mois de remise à niveau, j’avais corrigé mes soucis de stress, d’aisance et de confiance en moi, mon discours était rôdé, et j’avais toutes les conditions propices pour pouvoir me focaliser sur le feeling avec mon interlocuteur.
Avant que la recruteuse arrive, je me conditionne afin de faire en sorte que sa tête me revienne. La voilà. Première impression, elle m’est familière, Damn! Elle pourrait être la fille de ma troll de collègue. C’est déjà ça! L’entretien débute, le processus de séduction peut commencer:
blablablah… je suis proactif! Blablablah… j’apporte beaucoup d’initiatives productives partout où je vais! Blablablah… petite blague bien placée d’auto-dérision pour montrer que je suis un mec sympa, puis petites questions de convention mais qui doivent vous intéresser un minimum, genre:
– “Qu’est ce que c’est une journée classique au sein de la boîte?”
– et “Depuis combien de temps êtes-vous là?”
– et “Qu’avez-vous comme parcours?”
J’avais le menton brillant de bave de fayotage. J’aurais pu recevoir la palme du plus beau brosseur de poils ou de joueur de flûte. Car oui j’ai un peu gonflé la chose à mon avantage pendant l’entretien, mais après tout la séduction nécessite de ne pas être franc à 100%…
Je reviens sur les points de similitude entre le recrutement et la séduction. Je fais allusion dans mon article traitant des techniques de séduction au fait qu’il existe une attitude qui plaît aux femmes : l’attitude du gars confiant mais pas trop, qui n’est pas en manque ! “Vous avez remarqué à quel point vous êtes tout de suite plus attirant(e) lorsque vous êtes casé(e) alors que célibataire, personne ne vous regardait?” Eh bien cette attitude, je l’avais pour le premier entretien. J’ai été sélectionné parmi tant d’autres pour le second entretien, et j’ai reproduit le même processus cité plus haut avec la deuxième recruteuse, qui elle ne s’apparentait pas à un troll, mais cette fois à l’ex d’un ami. J’ai procédé de la même manière… deux jours après je signais mon CDI après presque 2 ans de galère! Et BAM!!! Encore une victoire de canard!
J’ai mis le temps, mais j’y suis finalement arrivé. N’oubliez jamais, qu’en temps de tempête il est nécessaire (et parfois même vital) de toujours rectifier la trajectoire de navigation pour ne pas perdre votre objectif d’arrivée. Et si vous doutez de vous, devinez quoi ? Le reste du monde aussi doutera de vous. Ne surestimez pas la concurrence et ne vous sous-estimez pas. Vous êtes meilleur que vous ne le pensez, et je donne le mot de la fin à cette internaute qui a fini sa réflexion par: “…moi je refuse de me laisser bouffer par le monde, c’est moi qui le boufferai !”. Alors bon appétit!
La solution au chômage, c’est toi: Un bon livre qui permet de reprendre confiance en soi, le tout tourné autour de l’humour.
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